Toute déformation et toute inflammation peuvent avoir des conséquences douloureuses très invalidantes
Qu’est ce qu’un hallux valgus ?
L’hallux valgus est la déformation la plus fréquente de l’avant-pied. Il comprend : une déviation en dehors du gros orteil, une déviation en dedans du 1er métatarsien et une exostose (bosse) sur la face médiale responsable d’une bursite douloureuse par frottement dans la chaussure (oignon dans le jargon populaire). Cette déformation isolée du gros orteil si elle évolue et s’accentue peut entraîner des déformations sur les orteils latéraux.
Il existe un certain nombre de facteurs prédisposant :
– Un terrain familial héréditaire.
– Le sexe : pathologie plus fréquente chez les femmes.
– La présence d’un pied Égyptien :excès de longueur de la 1ère phalange.
– Le chaussage : chaussures pointues et talons hauts.
Pourquoi une intervention ?
Une fois la déformation acquise du gros orteil, celle-ci ne disparaît plus et son évolution se fait inexorablement vers l’aggravation progressive.
Il n’y a pas malheureusement pas de moyens fiables non chirurgicaux pour traiter de façon durable cette déformation. Les orthèses et les semelles peuvent être utilisées au début pour retarder l’évolution.
La décision opératoire repose donc sur plusieurs critères dont l’évaluation personnelle par le patient est primordiale :
- La tolérance de la douleur
- La tolérance au chaussage
- La tolérance esthétique
En résumé c’est lorsque le patient à trop mal à son gros orteil, qu’il ne peut plus se chausser comme il le désire ou qu’il ne supporte plus de voir sa déformation qu’il faut intervenir chirurgicalement. En sachant que l’association de ces trois critères n’est pas indispensable à la décision chirurgicale ; un seul peut suffire.
Quoiqu’il en soit les résultats de la chirurgie sont meilleurs si la déformation est modérée et si le traitement ne porte que sur le gros orteil ; Il convient donc de ne pas trop tarder et d’éviter la décompensation de la déformation.
Le traitement chirurgical
Les techniques chirurgicales sont nombreuses et dépendent de plusieurs critères qui comprennent les déformations osseuses mais aussi la forme précise des différents segments osseux et les angles entre les différentes parties de l’avant-pied.
Au final, ce sont les techniques comprenant des ostéotomies qui apportent les meilleurs résultats en terme de correction et de fiabilité dans le temps.
L’intervention la plus fréquemment réalisée est l’association d’une ostéotomie longitudinale du 1er métatarsien pour corriger son axe et effacer la bosse interne (oignon) et d’une ostéotomie de la base de la 1ère phalange pour réaxer le gros orteil.
Des gestes associés sont nécessaires en fonction de la déformation :
– Une exostosectomie : rabotage de la partie médiale de la tête métatarsienne.
– Un allongement du tendon extenseur du gros orteil
– Une plastie capsulaire réaxatrice
– Une correction des déformations des orteils adjacents
Les ostéotomies seront systématiquement fixées par des vis enfouies dans l’os (qui peuvent être conservées)
Cette intervention chirurgicale se fait sous anesthésie loco-régionale localisée uniquement au pied et à la cheville.
Les techniques mini-invasives ou per cutanées sont comparables en terme de gestes osseux . Leur réalisation se fait en introduisant des fraises par des mini incisions. Leur indication est intéressante dans les formes modérées mais nécessite un suivi post opératoire rigoureux particulièrement si le maintient de la correction se fait par des pansements. Leurs suites opératoires concernant la douleur, l’arrêt de travail et le gonflement sont comparables à celle de la chirurgie conventionnelle en raison des ostéotomies dont les conséquences sont identiques.
Le résultat à long terme de ces techniques est encore en évaluation.
L’intervention dure en moyenne 10 minutes.
Elle offre les avantages de la technique endoscopique :
- Incision petite et invisible car située dans le pli de flexion.
- Phénomènes douloureux post opératoires moindres.
- Récupération plus rapide de la mobilité.
- Meilleur résultat final sur la récupération de la force.
Les suites opératoires
L’hospitalisation est courte et varie entre 2 et 3 jours.
Des pansements et surtout un contrôle strict des phénomènes algiques est fait durant votre hospitalisation.
La marche peut être réalisée d’emblée par l’intermédiaire d’une chaussure à appui talonnier à conserver durant 3 semaines.
Des pansements sont à faire tous les 2 jours par une infirmière à domicile dès votre retour .
Le traitement antalgique et anti-inflammatoire doit être scrupuleusement suivi.
Il est recommandé de surélever régulièrement le pied pour favoriser la fonte de l’œdème.
La reprise de l’appui au niveau de la zone opérée se fait à la 4ème semaine grâce à un chaussage conventionnel adapté
Le chaussage habituel est retrouvé en deux à trois mois, selon la complexité des gestes effectués.
Des séances de rééducation avec massages et drainages lymphatiques peuvent être utiles à partir de la 3ème semaine.
Un suivi avec des radiographies de contrôle est obligatoire dès la fin de la 3ème semaine chez votre chirurgien.
L’arrêt de travail est de 45 jours environ à moduler en fonctions de vos activités professionnelles.
Les risques et complications
Les complications suite à la chirurgie de l’hallux valgus sont peu fréquentes et conduisent exceptionnellement à une reprise chirurgicale toutefois elles doivent être mentionnées pour que vous puissiez les connaître afin de les appréhender le mieux possible si elles surviennent.
L’œdème :
Il est constant et sa présence est normale durant les 6 semaines post opératoires. Parfois un gonflement de l’avant pied peut persister plus longtemps et nécessiter des massages drainant .
L’infection :
C’est une complication très rare qui nécessite si elle survient un drainage chirurgical ainsi que la prise d’une antibiothérapie au long cours. Un suivi dans le service des maladies infectieuses du CHU sera obligatoire.
La raideur articulaire :
La raideur de l’articulation métatarso-phalangienne est normale durant les premiers mois, toutefois celle-ci peut se prolonger dans le cas d’une capsulite. Le recours à des soins de physiothérapie et à éventuellement une ou 2 injections cortisonées peut être nécessaire.
L’algodystrophie :
Ce syndrome entraînant douleurs, raideur et décalcification peut se voir dans toute chirurgie de l’avant pied. Un traitement par calcium injectable sera nécessaire. L’évolution se fait toujours vers la guérison mais celle-ci peut demander plusieurs mois d’évolution.
Les troubles de la sensibilité du gros orteil :
C’est une complication rare qui est généralement due à l’œdème post opératoire. La récupération se fait progressivement en plusieurs semaines.
Les désunions cicatricielles :
Elles surviennent parfois sur une partie de la cicatrice. Pour les éviter, il est impératif de ne pas retirer les points avant 15 jours et d’évaluer l’état de la cicatrisation avant de les enlever. En cas de doute chez l’infirmière, une consultation chez votre chirurgien est plus prudente.
Les résultats attendus de votre opération
L’avènement des techniques d’ostéotomie et l’utilisation d’un matériel d’ostéosynthèse par vis intra osseuses enfouies a considérablement fait évoluer la chirurgie de l’hallux valgus qui est devenue simple et fiable. Il en va de même avec les techniques d’anesthésie et de maîtrise de la douleur qui permettent une indolence rapide.
En cas de déformation douloureuse de l’avant pied il ne faut donc plus attendre pour avoir recours à la chirurgie. Ce traitement vous apportera satisfaction tant au niveau esthétique que fonctionnel en garantissant une reprise rapide de la marche et des activités.